Une loi pour améliorer la condition des animaux et enfin prendre en compte leur bien-être. 

Par Anne-Cassandre Ledoux

 

La proposition de loi dédiée “à l’amélioration de la condition animale et la lutte contre la maltraitance” adoptée en première lecture le 29/01/2021, va faire disparaître plusieurs pratiques décriées par les français telles que les élevages d’animaux pour leur fourrure, la vente des chats et des chiens en animalerie, l’utilisation d’animaux sauvages dans les cirques itinérants, les delphinariums, est incontestablement un grand pas pour le bien-être animal !

En durcissant les sanctions déjà existantes, elle luttera contre la maltraitance des animaux domestiques mais aussi des espèces sauvages, en améliorant les conditions de leur détention.

Si, il y a quelques mois, les plantes et les animaux n’attiraient pas l’attention de la représentation nationale, l’adoption à une très forte majorité (79 voix pour, seulement deux contre) de ce texte à l’Assemblée, montre que cette situation a radicalement changé.

Cette évolution s’explique d’une part par le fait que la considération pour ces “être vivants doués de sensibilité” intéresse de plus en plus de français qui souhaitent une meilleure prise en compte du bien-être animal. Quelle qu’en soit la raison, amour porté aux animaux de compagnie, volonté d’une plus grande éthique envers les animaux, préoccupation pour la biodiversité (notamment défendue par de nombreux scientifiques), elle a conduit les politiques à s’emparer de cette demande citoyenne.

D’autre part, le lancement du projet de référendum pour les animaux, porté notamment par le journaliste Hugo Clément, a suscité un engouement sur les réseaux sociaux et récolté un grand nombre de signatures notamment de personnalités politiques, d’activistes écologistes, de sportifs … etc. Ce succès montre l’émotion des citoyens sur le sujet et la nécessité de faire évoluer les mœurs dans le “Monde d’Après”. La loi adoptée est la conséquence logique de la relation très particulière de l’homme avec les animaux domestiques.

Toutefois, ce vote quasi-unanime est l’aboutissement de négociations et n’a été rendu possible qu’après un certain nombre de concessions. En effet, comme relevé notamment par la Ligue Protectrice des Oiseaux (LPO) mais aussi certains Marcheurs, la chasse, source évidente de souffrances animales, est curieusement absente du texte. De fait, malgré la diminution significative de leur nombre (1 million aujourd’hui environ), les chasseurs conservent un poids politique important en France. Il en va de même pour la pêche, en dépit de la situation inquiétante des populations de poissons, défendue par l’ONG Bloom.

Comment agir résolument pour protéger encore davantage les animaux ? 

Aurore Bergé (députée LaREM des Yvelines) souligne que les maltraitances animales ont empiré ces dernières années, avec l’essor des réseaux sociaux. En outre, les abandons d’animaux ont considérablement augmenté. Ces prises de consciences ont été rendues possibles grâce au travail des associations de protection animale, comme “30 Millions d’Amis”. Néanmoins, ce sont les députés de LaREM et ses alliés qui ont su convaincre et mobiliser l’ensemble de la représentation nationale et remporter ce premier grand succès pour la condition animale.

La proposition de loi cherche également à mieux protéger les animaux d’élevage.  Le député des Alpes-Maritimes et vétérinaire Loïc Dombreval évoque d’ailleurs les souffrances liées aux transports et à l’expérimentation animale. Le cas des animaux de laboratoire est un domaine dans lequel la France accuse un retard certain sur nombre de ses voisins, Royaume-Uni ou Norvège notamment.

A plus long terme, la place des animaux sauvages, se pose aussi. Des scientifiques de plus en plus nombreux parlent d’un “effondrement biologique”, à cause des pressions environnementales croissantes qui remettent en cause le maintien des conditions d’équilibre (dites d’homéostasie), des êtres vivants nécessaires à leur survie.

Les facteurs d’homéostasie (terme désignant la capacité d’un système à maintenir l’équilibre de son milieu intérieur, quelles que soient les contraintes externes) englobent :

– La qualité de l’habitat, des terres, l’usage du sol

Encore aujourd’hui en France, il y a de moins en moins d’espace non artificialisé, de trames vertes, de territoires sanctuarisés etc. La continuité des corridors écologiques est donc toujours en “work in progress” malgré la volonté insufflée par le programme européen “Life”, et des avancées majeures en France portées par le Gouvernement, par exemple dans la lutte contre la déforestation importée.

– L’eau, la soif, et la qualité de l’eau

La destruction des zones humides, l’interruption de trames bleues, les problèmes liés à la qualité de l’eau, font également beaucoup de victimes silencieuses chez les animaux : pas uniquement les poissons, les batraciens, mais aussi les insectes et les oiseaux qui sont aussi concernés. L’ensemble des êtres vivants ont besoin d’eau pour vivre ! Par exemple, certains saumons sauvages ne parviennent plus à revenir à la source pour se reproduire, car nous installons des obstacles sur leur route. La préservation et restauration de zones humides est donc une nécessité pour la survie des animaux. Pour la chaine alimentaire des animaux, étant donné que la survie des espèces d’insectes est menacée (une étude scientifique estime la perte de biomasse des insectes à -75% en Europe en 25 ans), un ou plusieurs maillons de la chaine alimentaire sont perturbés. En effet, il n’y a plus assez d’insectes pour nourrir toutes les espèces d’oiseaux (1/3 environ des oiseaux depuis 1989 ont disparu) et les petits mammifères. Les modifications de l’écosystème concernent les animaux mais nous concernent également. Cela montre aussi le caractère essentiel des insectes pollinisateurs, sans qui il n’y aurait plus de chaîne alimentaire.

– la composition chimique du milieu

La toxicité chimique du sol et de l’eau a un impact direct sur la condition l’animale. En effet, toutes les pollutions, les facteurs d’eutrophisation et d’acidification, de manque d’oxygénation, les microplastiques, les excès de pesticides, les cigarettes ainsi que d’autres substances chimiques nombreuses, provoquent des souffrances animales pour l’entomofaune, les oiseaux, les petits mammifères les poissons, les insectes.

– Enfin, la température impacte les conditions de survie des animaux.

Sur l’eau, la température a une influence sur son acidité, et la capacité de survie de certains animaux marins, poissons, étoiles de mers, et coquillages (les coquilles ne peuvent se consolider dans une eau trop acide). Sur la Terre, la désertification contraint des migrations de populations animales, sur des écosystèmes qui ne leurs sont pas forcément favorables. Les animaux à sang froids (lézards, salamandres, etc.) peuvent mourir rapidement si la température de leur milieu n’est pas adaptée.

Ainsi, si la somme des pressions écologiques est trop importante et le principe scientifique d’homéostasie n’est pas respecté, l’écosystème est menacé. Par conséquent, sans respect des seuils minimum d’homéostasie recommandés par les scientifiques, la souffrance des animaux est grande, pouvant aller jusqu’à l’extinction de l’espèce.

Face à ce constat, quelle est notre responsabilité ?

A-t-on le droit, éthiquement, de continuer à oublier les animaux ?

Je souhaite que l’ensemble des animaux fasse l’objet de nouveaux efforts législatifs, sous le prisme de la protection de la biodiversité.

N’aurions-nous pas besoin d’un autre projet de loi consacré à la Biodiversité, motivé par l’urgence d’agir contre cet effondrement biologique, avant qu’il ne devienne inéluctable ?

C’est, au niveau français, européen et mondial, une protection plus systémique encore que nous devons concevoir.

Pour l’heure, réjouissons-nous de cette avancée majeure pour la lutte contre la souffrance animale. La proposition de loi est une victoire pour les députés de la majorité et les défenseurs des animaux.

– Responsabiliser les possesseurs d’animaux

– Renforcer les sanctions pour les maltraitances

– Interdire la détention d’animaux sauvages par des cirques ou des delphinariums

– Viser la fin des maltraitances d’espèces sauvages utilisées à des fins commerciales

– Interdire progressivement l’élevage de vison pour la fourrure

👉 Les détails de la proposition de loi.

Un grand bravo unanime à tous les députés qui ont su porter au bon niveau de visibilité ce sujet, et convaincre leurs pairs :

Laëtitia ROMEIRO DIAS, Loïc DOMBREVAL, Dimitri HOUBRON, Aurore BERGÉ, Samantha CAZEBONNE, David CORCEIRO, Vincent LEDOUX, Martine LEGUILLE‑BALLOY, Claire O’PETIT, Laurianne ROSSI, Corinne VIGNON, Christophe CASTANER, Patrick MIGNOLA, Olivier BECHT, Roland LESCURE, Barbara BESSOT BALLOT, aux députés de majorité et au mouvement, représenté par Stanislas Guérini et Jean-Charles Colas-Roy, et aux députés de tous bords qui ont soutenu cette initiative.

 

 

 

 

2 réflexions sur “Une loi pour améliorer la condition des animaux et enfin prendre en compte leur bien-être. ”

  1. amélioration oui et la chasse à courre ? et d’autres pratiques comme des oiseaux capturés par collage ? la tauromachie ?il y a un million de chasseurs-électeurs mais pas un million de gens bloqués intellectuellement sur des pratiques d’arrière garde…par contre, les non-bloqués risquent de prendre des options politiques différentes face à ces avancées trop sélectives…je ne suis plus chasseur depuis longtemps et une raison parmi d’autres est la délivrance du permis de chasse: où est-il parlé de consommation d’alcool dans une activité avec une dangerosité établie ? conduire si moins de 0,5gr, chasser si??? stratification de l’électorat oblige???

    1. Bonjour, Merci de votre réaction. Nous sommes d’accord, il faut aller plus loin, et notamment sur les sujets que vous citez. A notre connaissance, la chasse à la glue est maintenant interdite. Mais le lobby des chasseurs reste puissant et toutes les voix sont bienvenues pour exprimer la nécessité d’encadrer plus fermement cette pratique, qui reste malgré tout un droit obtenu à la Révolution Française et donc a une valeur symbolique claire. Il n’en demeure pas moins que l’équilibre entre chasseurs et non-chasseurs, et entre ce qui est autorisé et ce qui doit être interdit pour préserver la biodiversité doit évoluer par rapport à ce qu’il était il y a 40 ou 50 ans. Aidez-nous à porter ce message ! Merci.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour haut de page